La fabrication distribuée : clef d’un système productif résilient, créateur d’emploi et écologique

La fabrication distribuée est un mode de production décentralisé rendu possible par le déploiement d’Internet. Elle repose sur la mise en commun de compétences et de moyens de production à taille humaine, dans le but de concevoir, fabriquer et distribuer des produits. La dynamique singulière de ce réseau repose sur la grande variété de ses acteurs, allant des citoyens équipés d’imprimantes 3d, aux acteurs territoriaux spécialisés (fablabs, hackerspaces, tiers-lieux d’innovation) en passant par les TPE et les PME. 

En déstabilisant l’ensemble de notre appareil productif, la crise sanitaire de la Covid-19 a mis en lumière ses fragilités intrinsèques. Les soignants ont manqué de matériel indispensable, et ont subi de brutales ruptures d’approvisionnement. 

De tels bouleversements du système productif classique produisent des dommages économiques et sociaux pérennes  dont les effets ne feront que s’accumuler à chaque nouvelle crise sanitaire ou écologique. Il est donc aujourd’hui plus que nécessaire d’innover dans nos modes de production. 

C’est dans ce contexte que, partout en France (et dans le monde), des artisans, citoyens-fabricants, soignants, ingénieurs, entrepreneurs et « makers » se sont organisés spontanément pour répondre aux besoins des personnes en première ligne. Du masque cousu main au matériel médical de pointe en passant par des nouvelles plateformes et réseaux d’entraide décentralisés, chacun a pu participer à l’effort collectif selon ses talents et ses moyens. Loin d’être nouveaux, ces modes de production territoriaux, collaboratifs et distribués, tirent aujourd’hui pleinement parti du potentiel des outils numériques. 

En compensant la mise à mal de notre système productif usuel, ils ont démontré leur efficacité pour répondre rapidement à de nouveaux besoins et rendre nos sociétés plus solidaires et résilientes. Nous défendons l’idée qu’il faut tirer les enseignements de ces démarches agiles et les mettre en œuvre, pour diversifier et améliorer notre système productif au prix d’investissements peu onéreux, et dans un futur immédiat. Une telle évolution est possible grâce aux qualités intrinsèques et uniques de ces modes de production.

Leur efficacité tout d’abord : pendant le confinement, des groupes de fabricants, soignants et designers se sont constitués spontanément et auto-organisés autour de plateformes et forums. Alors que la filière internationale de masques était saturée, ce sont ces nouveaux acteurs qui ont pris le relais. Le modèle proposé par le CHU de Grenoble a notamment fait le tour de la France. Bénévoles, TPE, PME, et certains industriels sont entrés dans la dynamique de fabrication distribuée sur la base de méthodes simples, accessibles et facilement réplicables. Si ces modes de conception et de production collaboratives sont si efficaces, c’est parce qu’ils sont ancrés dans l’histoire du logiciel libre, remontant aux années 1990, et qu’ils n’ont jamais cessé d’être expérimentés et améliorés au sein des lieux portant la philosophie “maker” comme les hackerspaces, fablabs et autres tiers-lieux. 

Leur agilité et leur qualité : grâce à l’intelligence collective, les matériels sont conçus extrêmement rapidement. Les plans mis en ligne sont accessibles à tous, testés, validés et améliorés par l’ensemble de la communauté internationale regroupant ingénieurs, chercheurs, soignants et passionnés. Les objets, fabriqués quasi-instantanément grâce à des machines simples et accessibles, comme les imprimantes 3D, permettent de produire en un temps record du matériel fiable et peu coûteux. Ces réseaux de « makers » ont ainsi permis de sauver des vies en palliant le manque de pièces détachées dans les matériels médicaux de pointe (respirateurs, pousse-seringues, etc.). 

L’impact social et écologique de la fabrication distribuée : ce sont des milliers de citoyens qui ont participé à l’effort collectif, spontanément, et en bénéficiant de la reconnaissance et de l’aide de tous. Ces modes de production répondent aux aspirations de nos sociétés : une production plus locale dont l’empreinte écologique est prise en compte, une économie plus circulaire, inclusive et vertueuse, centrée sur les besoins humains. 

Pour accompagner la transformation de notre système productif post-crise, et pour poser les bases d’une société plus résiliente, il nous faut développer et soutenir ces pratiques. 

Des plateformes internet sont déployées et vont faire la démonstration d’une fabrication distribuée économiquement viable, rémunérant justement les contributions de chacun, et facilitant l’intelligence collective en ayant notamment recours aux licences libres. Elles permettent à tous de profiter des compétences et de la créativité de chacun. 

Notre pays est riche de savoir-faire et de dynamiques innovantes ne demandant qu’à contribuer et à être développées. Il est aujourd’hui possible de déployer un système productif articulé autour d’un réseau de micro-moyens de production créateurs d’emplois non délocalisables, renforçant le lien social, favorisant les circuits courts et simplifiant les flux logistiques. 

Osons organiser un renouveau industriel participant à la relance économique et à la transition écologique. Tout est déjà sous nos yeux, il ne tient qu’à nous d’agir. La politique publique se doit, pour sa part, d’être ambitieuse, de comprendre que l’industrie de demain doit et va s’appuyer sur d’autres concepts de management comme de production, et qu’elle est nécessaire pour donner de l’ampleur à ces initiatives florissantes, innovantes, éthiques et inclusives.

Le Collectif FabriCommuns :

Emilien Ghomi, Chef de projet en innovation pédagogique et fabrication numérique au Cnam ; Catherine Legendre, Présidente de l’Association CO-DEV ; Vivien Roussel, Fabmanager à l’Ecole des Ponts Paris Tech ; Catherine Villeret, Fabmanager au Faclab NUMIXs ; Stéphanie Vincent, Directrice de l’Association CO-DEV ; Pierre-Alexis Ciavaldini, Président de Makernet ; Jean Karinthi, Associé co-fondateur du Tiers lieu Hermitage ; Yann Marchal, Président du Collectif Makers contre le Covid ; Anthony Seddiki, Président du collectif Visière Solidaire

Signataires de la tribune :

Thierry Agagliate, Directeur executif InZone, Univerité de Genève ;
Laurence Allard, Maîtresse de conférences, co-fondatrice du Labo Citoyen ;
Damien Allouch Maire et conseiller départemental d’Epinay sous Sénart ;
Clement Alteresco, CEO de Morning Coworking ;
Cyril Antolini, Administrateur de la Communauté Visières Solidaires ;
Jean-Pierre Aubert, Président-fondateur de Terres de Métamorphoses ;
Kumar Bahar, Strategic Advisor chez Nepal-communitere ;
Michel Bauwens, Fondateur de la P2P Foundation ;
Mathilde Berchon, Auteure et consultante au FuturFab ;
Gilles Berhault, Délégué général de la Fondation des Transitions ;
Antoine Berr, Expert designer IoT au Club Sandwich studio ;
Isabelle Berrebi-Hoffman, Sociologue et Directrice de recherche au CNRS ;
Raphaël Besson, Directeur de Villes Innovations ;
Yannick Blanc, Président de l’Association de préfiguration du Carrefour des innovations sociales (APCIS) ;
Alexandre Boisson, Co-fondateur de SosMaires.org ;

François Bonneau, Président de la Région Centre Val de Loire ;
Chloé Bonnet, Présidente de Five by Five ;
Philippe Borel, Auteur-réalisateur du film « La bataille du Libre » ;
Dominique Bourg, Directeur de la publication de lapenseeecologique.com ;
Adrian Bowyer, Dr. Fondateur du projet RepRap ;
Jean-Marc Brageot, Président de l’Association Visières Solidaires 92 ;
Christie Buisset, Administratrice de la Communauté Visières Solidaires Nord ;
James Butler, COO chez Helpful Engineering ;
Benjamin Cadon, Responsable chez Labomedia ;
Cédric Carles, Directeur de l’Atelier21 ;
Maureen Charrier, Administratice de la Communauté Makers contre le Covid ;
Carine Claude, Journaliste ;
Servane Claudel, Administratrice de la Communauté Visières Solidaires Suisse ;
David Cool, Artiste Technologiste au Fablab Bhutan & SCH Academy ;
Joel Cutcher-Gershenfeld, Professeur à Brandeis University ;
Alain Damasio, Écrivain ;
Latifa Danfakha, Associée Fondatrice du Tiers Lieu Hermitage ;
Corentin de Chatelperron, Président du Low Tech Lab ;
Armelle de Vismes, Chargée de mission attractivité des territoires à la Communautés de communes des Lisières de l’Oise et de la Plaine d’Estrées ;
Pascal Deleporte, Administrateur à la Communauté Makers contre le Covid ;
Emmanuel Denis, Maire de Tours ;
Pascal Desfarges, Coordinateur de la P2P foundation ;
Cédric Di Matteo, membre de Makers contre le Covid ;
Tomas Diez, Executive Director à la Fab City Foundation ;
Cory Doctorow, Auteur à Pluralistic.net ;
Pauline Dumontier, Déléguée générale chez Canopée ;
David Flacher, Professeur d’économie à l’Université de Technologie de Compiègne ;
Michel Foata-Prestavoine, Fondateur OseOns ;
Sylvia Fredriksson, Designer – chercheure à l’Unité de recherche ECOLAB ESAD Orléans ;
Olivier Gapenne, Directeur Adjoint de l’Université de Technologie de Compiègne ;
Emile Gayoso, Sociologue ;
John Gershenson, CEO chez Kijenzi ;
Gilberto Guevara, Senior Manager au Puerto Rico Science Technology & Research Trust ;
Olivier Girault , Président chez Gawad Kalinga Europe ;
Pauline Gourlet, Chercheuse & Designer à L’atelier des chercheurs ;
Thomas Grange, Co-fondateur d’Ulule ;
Martin Häuer, Project Manager à l’Institut Fraunhofer IPK ;
Raphaël Hougnon, Ancien vice président Communauté de commune du Romorantinais ;
Eric James, Executive Director chez Field Ready ;
Lyn Jeffery, Program Director à l’Institut pour le Futur (IFTF) ;
François Karinthi, Directeur général des services au Conseil départemental de la Nièvre ;
Mathieu Karinthi, Cofondateur du Tiers lieu de l’Hermitage ;
Andrew Katz, CEO chez Orcro Limited ;

Arthur Keller, Expert des risques systémiques et des stratégies de résilience ;
Michel Lallement, Professeur de sociologie au Cnam ;
Andrew Lamb, Directeur de chaire à Internet of Production Alliance ;
Sherry Lassiter, President & CEO à la Fab Foundation ;
Gaël Lavaud, Président-fondateur de Gazelle Tech ;
Jean Baptiste Le Clec’h, Président d’ITW Makeme ;
Philippe Lemoine, Président de la FING ;
Laurent Lenfant, Formateur Technique Indépendant ;
Catherine Lenoble, Responsable du Fun Lab Tours ;
Céline Leteur, Administratrice de la Communauté Visières Solidaires ;
Clément Mabi, Enseignant Chercheur à l’Université de Technologie de Compiègne ;
Judicaël Magery, Administrateur de la Communauté Visières Solidaire nationale ;
Elise Mamimoué, Pédopsychiatre, cheffe de clinique aux HCL ;
Sandra Mamitzsch, Coordinatrice des projets de santé à la Global Innovation Gathering ;
Gilles Martin, Consultant en gestion de crise à l’ATRISC ;

Quentin Mateus, Exploration des modèles d’organisation de la low-tech au Low Tech Lab ;
Silvère Mercier, Praticien de la transformation publique & des communs ;
Thierry Meresse, Consultant Entreprise Innovantes à Sas Meresse Finances ;
Robert Mies, Chercheur associé au Technische Universität Berlin ;
Jenny Molloy, Shuttleworth Fellow à l’University of Cambridge ;
Alexandre Monnin, Directeur de la recherche d’Origens Medialab, Enseignant-chercheur ESC Clermont BS ;
Mustafa Luka, CEO à l’IRNAS d.o.o. ;
Hervé Naillon, Éco-designer ; Parker Nathan, Project Manager à Helpful Engineering ;
Jean-Luc Nexon, Maire de Troo ;
Sylvain Noel, Délégué parlementaire Alexis Corbière, Assemblée nationale, France insoumise ;
Ben Oldfrey, Research Fellow ;
Roy Ombatti, Fondateur de l’AB3D (African Born 3D Printing LTD) ;
Emmanuel Ory, Directeur commercial chez Dood ; Eric Pan, CEO chez Seeed Technology Inc.;
Joshua Pearce, Professeur d’ingénierie du Département de sciences et génie des matériaux et Département de génie électrique et informatique, Université de technologie du Michigan ;
Loïc Pentecôte, Co-fondateur – Resp. éco-rénovation du bâti – Référent énergie-climat à l’Hermitage ;
Denis Peschanski, Directeur de recherche au CNRS ;

Jeremy Pilon, Administrateur de la Communauté Visière Solidaire ;
Matthieu Regnier, Dirigeant chez Dagoma ;
Lionel Roure, Enseignant-Chercheur, spécialisé en management de l’innovation au Conservatoire National des Arts et Métiers Paris ;

Molly Rubenstein, Co-directeur exécutif à Open Source Medical Supplies ;
François Ruffin, Député de la Somme, 1ère circonscription ;
Thomas Saint-Aubin, CEO chez Seraphin.legal ;
Bruno Shaefer, Administrateur de la Communauté Makers contre le Covid ;
Margot Smirdec, Anesthésiste réanimateur ;
Justyna Swat, Designer associée chez MonViso Institute ;
Aurélien Taché, Député du Val d’Oise, 10eme circonscription ;
Rémi Toisier, Chef de Projet Economie Numérique & Dévlpt des Usages au GIP Recia ;
Vincent Tomasetig, Administrateur de la Communauté Visières Solidaires du Gers ;
Sylvie Valente le Hir, Présidente de la Communautés de communes des Lisières de l’Oise ;
Emilio Velis, Directeur exécutif à l’Appropedia Foundation ;
Maxime Vieille, Directeur du Response Innovation Lab ;
Sophie Viger, Directrice Générale de l’Ecole 42 ;
Florian Vireton, Co-fondateur du Low Tech Bordeaux ;
Yann Vodable, Administrateur de la Communauté Visière Solidaire ;
Marion Voillot, Doctorante au CRI.

Soutiens supplémentaires mis à jour le 15 oct 2020 :

Pierre Dollé, Président Association Mobilab ;
Geraldine De Bastion, International Executive Director chez Global Innovation Gathering ;
Eric De Valroger, Maire adjoint de Compiègne – Président du SDIS – 1er Vice-Président du Conseil départemental de l’Oise ;
Katarzyna Prochniewicz, Chargée de l’orientation, du recrutement et de l’accompagnemen à l’École Vaucanson-CNAM Paris ;
Suzanne Hervouët, Fabmanageuse à l’apprentiLAB – Conservatoire National des Arts et Métiers ;
Marcellin Dauty, Artisan Numérique chez Marcoleptic Artisan Numérique ;
Arthur Dalaise, Président de La Biche-Renard (contenus 3D) ;
Christophe Thierry, Administrateur du groupe Visières Solidaire de l’Oise et Fablab Kris ;
Pascal Deleporte, Ingénieur d’etude à l’INSERM ;
Matei Gheorghiu, Chercheur cueilleur au RFFLabs ;
Enrico Bassi, Coordinator del’Opendot Fab Lab ;
Christophe Marion, Maire de Saint-Ouen ;
Aurélie Le Henaff, Particulier ;
Jean-Guy Mehault , Membre actif de Makers contre le Covid 35 et de StopCovid50, Indépendant ;
Jean-Christophe Dubois, President de l’Ideationlab, fablab à Annecy ;

Isabelle Cosperec, Pharmacien France Et Michigan , Diverses pharmacies ;
Julien Sagot, Gérant / Artisan à HypoBOARDS ;
Olivier Lory, Consultant financier, Indépendant ;
Isabelle Herfeld, Figurante cinéma & bénévole à Visière Solidaire ;
Christie Buisset, Conseillère insertion professionnelle à Réussir en Sambre Avesnois ;
Eric Moser, Maker chez Visière solidaire 68 ;
Jeremy Bouteillier, Administrateur chez Visieresolidaire Dordogne ;
Aurelie Blondon, Maker ;
sylvia Roman, Maker ;
François Leviel, Bibliothécaire à CA2BM (Médiathèques de la communauté d’agglomération des deux baies en montreuillois) ;
Geoffrey Batista, Maker pour Visières solidaires ;
Stéphane Laborde, Président du Fablab Technistub
Christian Habib Jiwan, Ingénieur électronique ;
Hugues Aubin, Vice-Président du Réseau des Fablabs Français ;
Sabine Lagreze, Professeur de lettres ;
Aurélien Tabard, Maitre de conférences à l’Université Lyon 1 ;
Hélène Robert, Retraitée ;
Alexandre Benassar, Président de l’Association Tiers-Lieux Edu ;
Benoît Vallauri, Responsable du Ti Lab, Laboratoire d’innovation publique en Bretagne ;
Pierre Eteve, Maker ;
Lilia Ghrab, Vice présidente Makers Solidr ;

Cyrille Lecroq, Ceo chez WeMed / SKOP ;
Claude Buisset, Gestionnaire Visiere Solidaire Nord Pas de Calais ;
Antoine Ruiz-Scorletti, Responsable / Administrateur chez Roselab / RFFLabs ;
Yann Seaux, Maker ;
Thierry Mbaye, Artiste au Meuhlab ;
François Saumade, Maker ;
Lisa Sinardet, Fablab network manager chez Fab&co ;
Pascale Bourrust, Solution Engineer at R3B1 Makerz ;

Maureen Charrier Prototypeuse Numérique ;
Nicolas Rota, Formateur Cuisine dans un Centre de formation ;
Matthieu Audisio, Chargé de mission Atelier au Groupe LDLC ;
Cyrille Jaouan, Membre de LabenBib à l’association des Bibliothécaires de France ;
Chrystèle Poncet, Adjointe à l’environnement pour une mairie ;
Marc Garcia, Chef de projet IT et intervenant en FabLab ;
Jean-Baptiste Tissandier, Fab Manager àFab&Co ;
Kris Wilhem, Manager chez Axiris3D (entreprise impression et création 3D) ;
Vincent Guezou, Responsable produit, Indépedant ;
David Bozec, Vice-président de la Maison du Libre et du TyFab à Brest ;
Léo Besin, Étudiant dans le Nord de la France ;
Luc Magario, Maker et Fabmanager Indépendant ;
Romain Di Vozzo, Directeur Fablab et Fabacademy+ de Digiscope & Chef de Projet Fablab Université Paris-Saclay ;
Cédric Cabanel, Post-Doctorant àUniversité de Lille / Laboratoire TVES ;
Claire Karinthi, Cadre intermédiaire dans le secteur médico-social ;
Vincent Demuliere, Administrateur-délégué de QL (Quartier Libre) ;
Isabelle Cosperec, Pharmacien & bénévole et maker Visiere Solidaire ;
Gaël Féat, Directeur de 3DFG ;
Marc Barto, Co-fondateur de Maker Assembly.

Ce texte a été publié au Monde le 1 er octobre 2020 ar Alain Beuve Mery, sous le titre « Makers » : « Osons organiser un renouveau industriel participant à la relance économique et à la transition écologique »

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Distributed manufacturing: the key to a resilient, job-creating and environmentally friendly production system

Distributed manufacturing is a decentralized mode of production made possible by the deployment of the Internet. It is based on the pooling of skills and means of production on a human scale, with the aim of designing, manufacturing and distributing products. The singular dynamics of this network is based on the great variety of its actors, ranging from citizens equipped with 3d printers, to specialized territorial actors (fablabs, hackerspaces, third places of innovation) through VSEs and SMEs.

By destabilizing the whole of our productive apparatus, the health crisis of Covid-19 has highlighted its intrinsic fragility. Caregivers have lacked essential equipment, and supply disruptions have occurred abruptly.

Such upheavals of the classical productive system produce long-lasting economic and social damages, like those we see today. These effects will accumulate with each health or ecological crisis, and are likely to multiply in the short term. It is therefore more than necessary today to innovate in our modes of production.

It is in this context that, throughout France (and around the world), craftsmen, citizen-manufacturers, caretakers, engineers, entrepreneurs and « makers » have spontaneously organized themselves to meet the basic material needs of people on the front line. From hand-stitched masks to state-of-the-art medical equipment and new decentralized platforms and mutual aid networks, everyone was able to participate in the collective effort according to their talents and means. Far from being new, these territorial, collaborative and distributed modes of production are now taking full advantage of the potential of digital tools.

By compensating for the damage to our usual production system, they have demonstrated their effectiveness in responding rapidly to new needs and making our societies more united and resilient. We defend the idea that we need to learn from and implement these agile approaches, in order to diversify and improve our productive system at the cost of little investment and in the near future. Such an evolution is possible thanks to the intrinsic and unique qualities of these modes of production.

First of all, their efficiency: during containment, groups of manufacturers, caregivers and designers have spontaneously formed and self-organized around platforms and forums. While the international mask industry was saturated, it was these new players who took over. The model proposed by the Grenoble University Hospital Center has toured all over France. Volunteers, VSEs, SMEs, and certain manufacturers have entered the distributed manufacturing dynamic based on simple, accessible and easily replicable methods. If these collaborative design and production methods are so effective, it is because they are rooted in the history of free software, which dates back to the 1990s, and have never ceased to be experimented with and improved in places with a « maker » philosophy, such as hackerspaces, fablabs and other third places.

Their agility and quality: Thanks to the collective intelligence, the materials are designed extremely quickly. The plans put online are accessible to all, tested, validated and improved by the entire international community of engineers, researchers, caregivers and enthusiasts. Objects are manufactured almost instantaneously thanks to simple and accessible machines, such as 3D printers, allowing to produce reliable and inexpensive equipment in record time. Networks of « makers » have thus helped save lives by alleviating the lack of spare parts in state-of-the-art medical equipment (respirators, syringe pumps, etc.).

The social and ecological impact of distributed manufacturing: thousands of citizens participated in the collective effort, spontaneously, and with the recognition and help of all. These modes of production meet the aspirations of our societies: a more local production whose ecological footprint is taken into account, a more circular, inclusive and virtuous economy.

To accompany the transformation of our post-crisis production system, and to lay the foundations for a more resilient society, we need to develop and support these practices.

Internet platforms are deployed and able to demonstrate economically viable distributed manufacturing, remunerating the contributions of each individual, and facilitating collective intelligence by using open source licenses in particular. They would allow everyone to benefit from each other’s skills and creativity.

Our country is rich in know-how and innovative dynamics that are just waiting to be contributed and developed. Today, it is possible to deploy a production system based on a network of micro means of production that create jobs that cannot be relocated, strengthening social ties, favoring short circuits and simplifying logistics flows.

Let’s dare to organize an industrial renewal participating in the economic revival and ecological transition. Everything is already in front of our eyes, it is up to us to act. An ambitious public policy is needed to give real scope to these flourishing, innovative, ethical and inclusive initiatives.